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PORTRAIT : CHAUFFERA, UN TOUCHE A TOUT

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Il est de ceux qu on peut appeler un autodidacte. Sans formation particulière, il est pourtant, un des rares artistes qui évoluent dans sa région : Nioumakele dans le sud d Anjouan.

Il, c’est Ifouenlou Ben Cheikh alias Chauffera. Cet homme d’une quarantaine d’années est un « touche à tout ».

Il est à la fois maçon, musicien et artiste. Des connaissances qu’il a acquises sans formation particulière. « C’est un don », croit savoir Chauffera. Maçon, Ifouenlou élabore également des plans de construction de bâtiments pour ceux qui lui en font la demande. « Depuis le collège, je me débrouillais en géométrie et cela m’a beaucoup aidé dans l’apprentissage de la maçonnerie », explique-t-il. Sur le plan musical, chauffera est l’un des plus rares musiciens qui maitrisent, presque, tous les instruments de musique.

En fait, on dirait qu’il a la musique dans son sang. Il est un passionné de la musique. « Ma première guitare c’est moi qui l’ai fabriquée », se vante notre artiste. Toutes ces connaissances sont le résultat d’un long parcours musical mené par ce natif d’Ongojou, un des villages qui forment la région de Nioumakele. Chauffera a surtout joué dans différents groupes à Mayotte et Anjouan, son île natal. Il est l’un des membres du groupe « Linga Music », une éphémère formation qui réunissait plusieurs artistes traditionnels de l’île d’Anjouan et qui s’est rendu célèbre avec son tube « Njema zawumwana ». Un morceau interprété par « Papa L’amour », le chanteur principal de Linga Music a fait un tabac dans nos frontières et au delà.

Après la désintégration de ce groupe, Chauffera reprend son chemin avec d’autres amis. Il crée le groupe Balandra qui se spécialise dans le Rumbu, un rythme qui fait partie des Ngoma zamadjini. Balandra fait partie aujourd’hui des groupes musicaux les plus sollicités d’Anjouan. Chauffera et ses protégés se produisent notamment dans les festivités des grand-mariages. Le groupe Balandra était parmi les formations musicales à l’affiche du Medina Festival 2010 à Anjouan et aussi lors de l’exposition vente d’objets d’art et d’artisanat, tenue début octobre à l’alliance franco-comorienne de Mutsamudu. Une exposition dont Chauffera, le leader du groupe a activement pris part en exposant ses œuvres, des objets d’art en argile et en bois, révélant ainsi son côté artiste.

« Depuis tout petit je fabriquais moi-même mes jouets à partir des boites de conserve de récupération », se rappelle aujourd’hui Ifouenlou. Ce « touche à tout » veut transmettre ses connaissances aux jeunes. Une manière, selon lui, de contribuer à la lutte contre le chômage. Chauffera a entrepris la construction « d’une maison des métiers » d’où il compte monter son atelier de formation des jeunes. L’artiste n’a qu’un seul regret. « Je constate que les autorités nationales ne s’intéressent pas à l’art, ce qui est dommage », lance cet homme qui ne nourrit qu’un seul rêve : « que notre pays se développe ». Amen…

FAISSOILI ABDOU