DIASPORA

OPINION LIBRE

MEDIAS : ORTC SUR FREE BOX, MAIN TENDUE A LA DIASPORA

L’Office des Radio et Télévision des Comores (ORTC) est désormais accessible par satellite via les opérateurs CANAL SAT, Free box (Chaine 270) et Alice (chaine 667). C’est une première dans l’Histoire de l’audiovisuelle nationale. Mais ça attire ceux qui zappent et ça galope ! Il faut du courage et surtout de l’ambition pour bénéficier de l’offre. Du courage pour les zappeurs qui devront compter et galoper jusqu’au Canal 270 ou 667 respectivement pour les abonnés à Free box et d’Alice. De l’ambition car, comme d’autres chaînes visant des fortes communautés repérables en France, l’accès à la chaîne est en option, à 6,99 € par mois. Soit 7 € la valeur arrondie. La chaîne est gratuite le premier mois, une note bémol de plus pour nous attirer à l’abonnement.

Tant mieux pour les Comores qui doivent être connues un peu partout pour son vrai développement. Car, je suis parmi ceux qui croient qu’aussi longtemps que les Comoriens et leur pays resteront à l’abri de l’information et des médias en général, ils ne vont jamais avoir la culture de bien faire. Puisque, que nous veuillons ou pas, les lois ont aujourd’hui besoin d’outils inspirant la peur comme c’est toujours le cas pour les faire respecter. Dans les pays pauvres, les institutions restent fragilisées faute des moyens attribués à ceux qui devraient les appliquer dont les juges, les policiers.  Je pense que l’accès à l’information contribuera à une vraie prise de conscience de tout le monde et limitera les vols, les viols, les détournements, les actes malsains des politiques, les violences …etc. Les médias nationaux doivent jouer ce rôle pour brancher notre pays à la bonne voie du perfectionnement.

Or et c’est regrettable, l’information n’est accessible qu’à une minorité de la population sur place aux Comores. Dans plusieurs régions aux Comores, on n’écoute pas la radio nationale, non pas parce qu’on le désire pas mais parce que ces zones là ne sont pas couvertes. L’ORTC aujourd’hui visible en France est réellement méconnue du grand public aux Comores et pourtant chaque foyer est aujourd’hui équipé d’un écran télé. La presse écrite nationale se limite sur Moroni où vers 13h, on risque de ne plus avoir un exemplaire d’Al-watwan. La destruction des routes liant la capitale et le reste de l’île de la Grand-comore n’arrange pas les choses pour ceux qui voudraient lire les journaux nationaux. Ils devront attendre, pour les quelques rares zones où sont présents Albalad, Al-watwan, Gazette, des heures, des demies journées, le temps qu’un taxi brousse met pour lier Moroni à ces régions. Demandons-nous pour ceux qui attendent qu’un cadre ou deux du village rentrent du travail.

C’est pour dire que cette bonne nouvelle de pouvoir regarder ORTC dans le monde est avant tout une affaire d’argent et une main tendue à la diaspora, ce qui n’est pas du tout une mauvaise chose. S’agissant de nous qui sommes en France, la diaspora nationale cible de l’offre, acceptons que nous soyons honorés avec cette nouvelle. Mais ce qui importe pour moi, ce sont les résultats politico-sociaux que ce projet doit engendrer. Ça ne suffit pas alors de regarder l’ORTC étant en France dans un angle exotique. Dans ce sens, il n’y aura pas de différence entre un zappeur non comorien abonné à Free box qui, en faisant le tour de ses chaînes tombe sur une chaîne marquée « ORTC » et dit : « tiens, c’est mignon ça ».

Je veux dire tout simplement que l’intérêt pour la diaspora de payer 3500 fr comoriens chaque mois pour Free box doit avoir un impacte pour le développement du pays. Et cela sera possible lorsque l’ORTC mettra en place des journalistes d’investigation en France pour la diaspora comorienne. Ça peut être des personnes autonomes munies de leurs caméras et d’un plan fiable de travail devant faire des reportages sur la diaspora comorienne en France. ceci permettrait à celle-ci de livrer sa vision des choses avec sa posture qui n’est pas la même que celle de ceux qui sont sur place aux Comores. D’ici, nous vous livrerons nos opinions à nous par rapport au pays comme nous le voudrions concernant les élections nationales. Espérons que la prochaine nouvelle sera l’organisation sur le sol français des votes des Comores pour la diaspora élisant en même tant que les citoyens comoriens sur place aux Comores. Notre position vis avis des Comores n’est pas celle que vous gardez en vous, vous qui êtes là bas sur place. Un journaliste n’est pas là pour dire que tel ou tel est bon ou mauvais. Il constate, analyse et laisse le bilan au public juge. Nos journalistes doivent par exemple constater l’état des routes et l’indifférence totale de chacun, des politiques et des citoyens qui se forcent de vivre avec. La diaspora comorienne, quant à elle doit se ressaisir cette fois-ci pour imposer la révolution avec ces gros moyens qui commencent à voir le jour et non pas rester dans le passif en payant pour regarder ce qui peut être du n’importe quoi quand il ne s’agira pas d’impulser un vrai développement du pays. Un geste aussi de donner de la crédibilité à notre chaîne nationale qui déçoit avec un vide palpable dans sa programmation.

Abdoulatuf Bacar, le 23 octobre 2010